Là où ça fait mal (2000)

de Christophe Pellet
pièce éditée ensuite par l'Arche dans Le Garçon-Girafe
durée : 1h 30

création
au Théâtre national de Dijon,
dans le cadre des Rencontres Internationales de Théâtre de Dijon
reprise à la Scène nationale d’Alençon-Flers,
à l’Atelier du Rhin-Centre Dramatique Régional d’Alsace
et à l'Espace Lilas en scène à Paris

mise en scène : Anastassia Politi
musique originale : Philippe Blanchard
scénographie : Gilles Delordre
création d'images et éclairages : Emmanuel Valette
costumes : Raoul Fernandez
collaboration artistique : Antoine de la Morinerie
avec :
Xavier de Guillebon, Frédéric Mulot, Anastassia Politi, Airy Routier, Agnès Sighicelli.



Le propos artistique

Nous voilà dans une ville, en compagnie de citadins bien installés dans leur métier, mal à l'aise dans leur vie affective. De jeunes adultes en panne d'amour, en quête de bonheur. Il y a là des corps en souffrance : une femme rongée par la peur de vieillir sans enfant, une jeune fille qui ne sait pas ce qui veut dire s'oublier pour aimer, deux hommes amoureux d'elle. Leurs préoccupations sont banales et amères, tout comme leurs paroles. Leurs aspirations sont généreuses et naïves, tout comme les tableaux que projettent leurs rêves…

Au centre, se tient un vendeur de journaux de rue. Quasiment SDF, et qui, pareil à un ange trouble du film de Pasolini, Theorema, va séduire et détruire. Un poète tourné vers l'absolu de la passion, vers la mort. Deux mondes se font face, deux langages s'affrontent, baignés de musiques - techno plus accordéon- qui racontent ce que ni les corps ni les voix ne savent exprimer : la terrible détresse de vivre, la nécessité tout simplement vitale de faire confiance à l'avenir.

"J'ai choisi le théâtre parce que je ne suis pas douée pour la politique. Je suis trop utopiste" dit Anastassia Politi. Si elle n'entend pas suivre l'exemple de sa compatriote Melina Mercouri devenue Ministre de la Culture après la chute de la dictature militaire, elle compte bien cultiver ses utopies sur scène. Elle demande aux comédiens de chercher en eux l'intuition du bonheur, elle offre aux spectateurs un terrain de vie, d'éveil, d'échanges. Si elle a choisi de monter Là où ça fait mal, texte fermé sur la détresse, c'est qu'elle se sent en mesure de l'ouvrir sur l'espoir.

Elle a rencontré Christophe Pellet à Londres, au Royal Court Theatre où elle était en résidence de mise en scène. Il lui a confié une première version de sa pièce, à laquelle, à sa demande, il a apporté quelques sourires. " Repérer le mal ne suffit pas, dit-elle, pour le guérir on doit tenter l'impossible". En guise de remèdes elle propose "le rire et la beauté rêvée".

Propos recueillis par Colette Godard